KURT GERSTEIN, THÉÂTRE ET DÉBAT AUX DEUX MONDES
Kurt Gerstein et son père : Patrice Oset et Vincent Suriano
Le théâtre des Deux mondes, ce week-end, invitait son public à une représentation proposée par la compagnie « Métaphore Vive » et dont le sujet singulièrement complexe, humain et extrême nous interroge, plus particulièrement en situation de guerre.
C’est l’histoire étrange et réelle d’un homme – Kurt Gerstein – , qu’un écrivain psychanalyste et musicien – Jacques Mervant – nous fait revivre à travers l’instruction du procès recomposé par la magie du théâtre.
Quatre personnages – Kurt Gerstein « l’espion de Dieu » (Patrice Osete), son père Ludwig (Vincent Suriano), Horst Dickten, son ami et subordonné (Alexandre Belhadj), et un juge d’instruction militaire français (Thierry Vincent) – évoluent sur une scène divisée en trois espaces-temps : la cellule du prisonnier (Gerstein a été détenu à la prison militaire du Cherche-Midi à Paris avant de se suicider en 1945), le bureau du juge d’instruction quelques jours avant sa détention et un espace des souvenirs d’avant l’instruction.
En deux mots, Kurt Gerstein (1905-1945) est à la fois un officier volontaire de la Waffen SS et de l’église confessante opposée au nazisme, qui a essayé, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Allemagne, d’alerter l’opinion sur les crimes nazis, ce qui crée une situation de dilemme dont on peut se demander s’il est surmontable. Le texte de Jacques Mervant s’appuie sur une lettre que Gerstein a adressée au juge d’instruction pour sa défense.
La représentation s’est terminée par une discussion animée et très intéressante notamment sur les modalités d’opposition à un projet jugé monstrueux, comme ici le projet hitlérien : l’attaquer de l’intérieur, est-ce possible, est-ce crédible ?
Prochain spectacle : « 70 ans de chansons françaises », avec Valentin Sorbier (guitare, chant), José Sanchez (guitare électrique) et Bruno Huet (saxophone, clarinette, flûte), le samedi 21 mai à 20 h 30.
Jacques Mervant, l’auteur
Hector Lamot