MÉLANIE BIENFAIT FAIT PARLER LES SANTONS DE LA CRÈCHE
À l’Office de tourisme, la conteuse Mélanie Bienfait a animé la première édition de l’âme de Noël, entre exposition de santons et récits provençaux autour des personnages de la crèche.
Ce samedi, à l’Office de tourisme, près de la crèche, et autour de la conférencière conteuse Mélanie Bienfait, se pressait une petite foule de tous âges pour voir les santons de grande qualité exposés jusqu’au 2 février, mais aussi pour écouter les histoires qu’on se raconte sur les personnages de la crèche provençale, tel que, notamment, les pastorales les ont inventées. C’est ainsi que, pour faire vivre la première édition de l’âme de Noël, Mélanie a dressé avec le talent qu’on lui connaît le portrait du Ravi, de la femme au berceau, de la dame à la citrouille ou encore du petit agneau qui s’ennuyait dans la crèche.
Lou Ravi est un personnage très proche de la Sainte Famille dans la crèche. En Provence, c’est le Fada, un joli mot qui signifie en vérité « habité par les fées ». Il a les bras levés pour signifier l’étonnement, mais c’est aussi la position de la prière, comme on peut le voir par exemple chez les orants dans l’art paléochrétien. Il porte un bonnet de nuit. Avant Noël, il n’était pas « ravi » du tout. C’était l’homme le plus triste du village, toujours en train de récriminer. Certains soutiennent que ce n’est pas du tout quelqu’un d’étonné, mais simplement celui qui ouvre ses volets. Durant la nuit de Noël, les gens chantent, se congratulent, le ciel est étoilé, et le Ravi bougon se métamorphose en quelqu’un d’émerveillé qui lève les bras. On dit que son enthousiasme va entraîner tout le petit peuple de Noël.
La femme au berceau qui porte un large tablier serait une sage-femme. L’histoire raconte qu’elle ne croyait pas que la Vierge ait pu enfanter. Elle veut vérifier et quand elle approche sa main de la Vierge, sa main va sécher parce qu’elle a manqué de foi. Mais la fin est heureuse, car elle se termine sur sa repentance et sur sa guérison par l’Enfant Jésus.
On doit les premiers santons d’argile à Jean-Louis Lagnel d’Aubagne (1764 — 1822). Et parmi les premiers santons qu’il a créés, se trouve la dame à la citrouille. Mélanie l’appelle Isoline, le diminutif d’Élisabeth. C’est une jeune servante qui travaille dans une belle maison. Pour la fête de Noël une fête est organisée au village et elle a la permission de minuit. Une fois l’heure arrivée, elle s’aperçoit que sa petite charrette s’est transformée en citrouille, qu’elle n’est plus habillée qu’en haillons et qu’elle a perdu une chaussure. On lui apprend que tous les gens qui sont autour d’elle vont vers Bethléem pour apporter des cadeaux au Messie. Alors elle prend sa citrouille, ce sera son cadeau à elle. C’est l’histoire d’Isoline. Mais elle n’est pas sans rappeler un autre conte bien connu !
Enfin Mélanie, pour terminer ses récits, raconte l’histoire du petit agneau de la crèche qui en a assez de la tradition et qui veut vivre la vraie vie. Son souhait est exaucé et le voilà tout seul sur l’herbe humide. Il rencontre une chèvre qui lui raconte ce qu’est la « vraie vie » et lui parle du ragoût savoureux qu’il pourrait devenir. C’est alors qu’il se dit que la crèche n’était pas un si mauvais endroit pour vivre. Jésus l’entend à nouveau, et le petit mouton retrouve sa crèche. Moralité, il faut être content de son sort !
On peut également se procurer le livre écrit par Mélanie Bienfait : La Provence calendale, édition Le Fifrelin, 2025. L’auteure continuera ses animations le samedi 27 décembre à 15 heures à l’Office de tourisme et à la cathédrale de la haute ville, le mardi 30 à 16 h 30.