Pour son premier spectacle de la saison estivale, à l’occasion de la célébration des 80 ans de la fin de la 2de guerre mondiale, les 25 ans de la chute du mur de Berlin et les 120 ans de la loi sur la laïcité, le majestueux théâtre antique de Vaison a ouvert ses portes aux jeunes choristes des classes CHAM de la région. Pour la modique somme de 10 euros, les spectateurs ont pu ainsi apprécier pendant plus de 2 h 30 le travail créatif impulsé par l’énergique et énergisant professeur d’éducation musicale à la cité scolaire de Vaison-la-Romaine : Thibaut Plantevin.

Il faut d’abord dire que ce projet de fresque historique audiovisuelle est bluffant par sa qualité et son ambition. L’espace scénique se partage entre un groupe de 200 jeunes qui rythment une histoire traversant le temps depuis le Code noir (1685) jusqu’à nos jours. Une suite de libérations conquises de haute lutte qui alternent avec des épisodes sombres : l’esclavage et son abolition, la Commune et sa répression sanglante, « Le temps des cerises », les guerres mondiales et les aspirations spécifiques, « le grand jour » où tout changera, la montée du nazisme et la Résistance, jusqu’à la chute du mur de Berlin, à la création de l’Europe, aux attentats islamistes, au COVID, et surtout à l’espoir indéracinable d’un monde meilleur quoi qu’il arrive.

En avant-scène, l’espace est théâtralisé avec des solistes qui parlent, qui dansent, qui chantent au milieu d’éléments symboliques illustrant les différentes scènes. Au premier plan, dans l’« orchestra », un orchestre d’une dimension symphonique placé sous les baguettes conjointes de Thibaut Plantevin et d’Odile Sick, avec les élèves de la section CHAM musique des lycées de Vaison et d’Avignon et de l’école de musique Vaison-Ventoux.

Au total, 23 chansons ont marqué cette histoire de France sous le signe de « liberté, égalité, fraternité… laïcité » ! Le texte a été entièrement écrit par les élèves de seconde et enrichi par l’atelier « éloquence » de Régine Augier, leur professeur de lettres. Toutes les chansons ont été étudiées en classe et choisies par les élèves. Les costumes ont été prêtés par l’Opéra du Grand Avignon.

Mais il faut voir aussi ce qui a permis une telle réalisation : 200 élèves et 20 professeurs mobilisés depuis septembre dernier et soutenus par leur proviseur, un théâtre de prestige offert par la Ville, et la vente de 15 000 euros de chocolat en absence de subventions ! C’est ce qu’ont applaudi à tout rompre les milliers de spectateurs venus encourager la jeunesse provençale dans ce lieu historique.