Sans queue de pie ni nœud papillon, le pianiste improvisateur Jean-François Zygel était de passage vendredi et samedi à Carpentras. Invité à l'Espace Auzon pour mettre Carpentras en musique, il a séduit un auditoire qui était venu très nombreux écouter ce qu'avait pu lui inspirer la ville du berlingot et des Juifs du pape.

En arrivant sur scène devant son majestueux Steinway and sons, il s'adresse au public avec son léger sourire : « c'est quand même une drôle d'histoire, l'improvisation : le public ne sait pas ce qu'il va entendre et l'improvisateur ne sait pas ce qu'il va jouer ». L'homme qui transforme en notes de musique tout ce qu'il voit et ressent nous embarque dans son périple sonore qui commence par la visite de la cathédrale Saint-Siffrein. Et puis c'est au tour de la synagogue et de l'Inguimbertine de lui souffler quelques morceaux autour de la spiritualité, de la connaissance et de la culture. On continue à sillonner la ville avec son beffroi, son passage Boyer, sa porte d'Orange. Les rives de l'Auzon sont un passage vers les monuments naturels qui servent de toile de fond à la cité : les dentelles de Montmirail et le Mont Ventoux auquel Pétrarque est associé.

En bis et pour terminer sa suite d'évocations musicales, JFZ prend quelques lettres du nom de la ville — « C » « A » « E » « A » — qu'il traduit comme le veut la notation alphabétique anglo-saxonne en une séquence « do-la-mi-la » et en fait un leitmotiv pour sa composition finale et le plaisir éphémère des auditeurs charmés.

À bientôt pour une mise en musique de Vaison-la-Romaine. Du moins on l'espère !

Hector Lamot