GILBERT USSEGLIO, FIDELE DESCENDANT DU PEUPLE VOCONCES - I

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GILBERT USSEGLIO, FIDELE DESCENDANT DU PEUPLE VOCONCES - I

Vaison-la-Romaine
30 décembre 2019 - 10:40
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Article par Solène Noisette et Sandy-David Noisette

Résidant depuis toujours au cœur du Comtat Venaissin, Gilbert Usseglio nous relate un riche parcours de vie, dont le caractère initiatique n’aura pas été sans lien avec une capacité patente à briller à travers les étapes qui l’ont marqué. A la veille de ses quatre-vingt dix ans, Gilbert, les yeux pétillants de bonheur, nous conduit sur le territoire aussi modeste qu’extraordinaire d’un homme qui n’a obtenu d’autre richesse de la vie qu’une exceptionnelle propension à en bonifier les hasards.

Gilbert Usseglio nous reçoit au cœur de la maison familiale, sise aux abords de l’Ouvèze et du jardin des Neuf Demoiselles à Vaison-la-Romaine. Accueillis avec aménité, nous sommes ressortis subjugués après qu’il nous ait conté son étonnant parcours de vie, à travers un récit jalonné d’anecdotes et de souvenirs posés ici ou là sur ses meubles de famille. Gilbert commença sa narration par une phrase, probablement emblématique de l’hétérodoxie qui allait suivre : « Je suis né le jour de l’an 1931 ». Celui qui a toujours eu confiance en la vie nous fait alors part de l’histoire truculente d’un homme qui a logiquement trouvé dans sa ville natale, Vasio Vocontiorum, une base de repli, visible et salvatrice, lui ayant permis d’exploiter un potentiel certain. Déjà, ses parents, originaires de Turin, s’étaient établis, depuis 1922, dans la même ville, comme artisans menuisiers-ébénistes, avenue Jules Ferry.

Gilbert à Ussel (Usseglio en italien), dans le Piémont en Italie.

La vie de Gilbert est celle d’un homme modeste qui n’a obtenu en héritage qu’une capacité, d’abord innée puis entretenue, à valoriser les étapes d’un parcours dont les déterminants relèvent essentiellement du hasard. Mais, pour être heureux, ces concours de circonstances n’en furent pas moins mâtinés d’humanisme et de talent. Au final, au terme d’une longue période de formation, Gilbert devint « superviseur de salle d’opération » dans les FAS (forces aériennes stratégiques) pour l’Armée française puis, professeur au lycée d’enseignement professionnel de l’Argensol à Orange. Gilbert est aujourd’hui un homme qui reste flamboyant, grandement estimé des personnes qui le côtoient, notamment au centre culturel de Vaison-la-Romaine ou au sein d’institutions philosophiques auxquelles il voue un culte particulier. Il s’agit d’un attachement réciproque puisque Gilbert se plaît à le dire : « Mes amis sont ma famille ». Assurément, le sens des relations humaines qui le caractérise est le fruit d’une force née d’un parcours éclectique.

Orphelin de père alors qu’il n’avait pas atteint l’âge de deux ans, Gilbert fut élevé sans fratrie par une mère, certes bienveillante, mais qui assura sa tâche éducative sans complaisance. Onorine n’en fit pas un enfant éloigné des réalités d’une France affectée par la Grande Dépression des années 1930. C’est pourquoi Gilbert devint, dès l’âge de quinze ans, apprenti chaudronnier au sein de la célèbre manufacture de machines agricoles de Vaison-la-Romaine. Probablement qu’Onorine, qui quitta après la Première Guerre Mondiale l’extrême fragilité socioéconomique d’une Italie également marquée par les répressions sanguinaires, y vit l’assurance d’un avenir serein : le propriétaire n’était autre que le Président du Conseil général de Vaucluse, Ulysse Fabre, devenu Sénateur en 1946. Apprenti dévoué, Gilbert ne se contenta pas d’y apprendre les gestes du métier. Il bénéficia pendant trois ans de cours du soir payés par l’employeur pour préparer un diplôme d’études professionnelles et ce,  jusqu’à la date de son licenciement, de facto économique et collectif. L’absence de représentation syndicale facilita en effet une décision patronale discrétionnaire, essentiellement motivée par le souci de ne pas devoir rémunérer les apprentis devenant concurrentiels au même niveau que les ouvriers qualifiés. Si cette rupture brisa une espérance familiale, elle n’entama pas pour autant la capacité de rebond de Gilbert : dès le lendemain, le jeune homme devint à nouveau apprenti, mais comme carrossier chez les frères Faure de Vaison-la-Romaine.

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