LE GRAND SOIR

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Avancement

LE GRAND SOIR

Vaison-la-Romaine
28 janvier 2019 - 08:36
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L’université pour tous (UPT) a anticipé en établissant son programme 2018-2019 il y a maintenant un an. Elle propose une conférence sur « Le Grand Soir. Voyage dans l’imaginaire révolutionnaire et libertaire de la Belle époque », mardi 29 janvier à 18 heures.

L’intervenante sera Aurélie Carrier, essayiste, auteur de l’ouvrage « Le grand soir », publié en 2017. Interviewé en novembre 2017, elle répondait à la une question sur la qualification de « doux rêveurs » des radicaux politiques. Sa réponse, dans un contexte historique et général, ne manque pas de sel pour qui s’intéresse à l’actualité (1) :

« On taxe souvent les radicaux politiques de doux rêveurs tout en les associant au chaos. Ces diverses appréciations ne sont-elles pas d’ordre à discréditer une pensée, et ses acteurs ?

Tout à fait ! Au premier abord, cette association est d’ailleurs curieuse. Et surtout méprisante. Ces appréciations sont souvent le fait des meilleurs gardiens de l’ordre social institué. Taxer les radicaux politiques de doux rêveurs ou, pire !, d’“utopistes” permet de les présenter comme étant inoffensifs, de dire qu’ils peuvent bien continuer de rêver puisqu’ils ne constitueraient finalement pas une menace pour le système en place. Mais une crainte subsiste. Le pouvoir ne redoute rien tant que l’imagination. Alors on tente de les discréditer en les associant au chaos, image aux connotations prétendument négatives, pour qu’on ne soit pas tentés d’adhérer à leurs thèses. »

 

Le programme de l’UPT annonce :

À l’automne du XIXe siècle, l’attente du Grand Soir exprime la conviction des libertaires – partagée par une partie du mouvement ouvrier – de la nécessité d’un bouleversement violent et d’une transformation radicale de l’ordre social existant pour mettre fin à toutes les dominations. Cette croyance en l’éclosion à brève échéance d’un monde entièrement régénéré grâce à la révolution sociale victorieuse, qui tient du romantisme révolutionnaire et de l’élan millénariste, est caractéristique de la mythologie libertaire qui se forme rapidement à la fin du XIXe siècle. Une vision insurrectionnelle du changement social qui ne manquera pas d’influencer le syndicalisme révolutionnaire et qui s’épanouit à la faveur des projets de grève générale du XXe siècle naissant.

Rêve programmatique, parabole de la promesse révolutionnaire, le Grand Soir est une figure d’explication globale qui suscita une série d’images fortes, d’horizons grandioses… Un mythe mobilisateur dont la force réside dans sa capacité à faire le lien entre la perspective révolutionnaire et les luttes concrètes. Aussi convient-il de discuter de la fonction sociale précise et de l’efficacité de cette « formule magique », ainsi que de ses limites et contradictions.
Repérer l’influence d’une telle construction imaginaire sur les pratiques sociales permet de questionner l’espace des possibilités entre la réalité sociale et ses représentations, et de s’interroger sur la puissance opératoire des rêves en politique.

Entrée libre.

(1) lire ici

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