LES AUTOMNALES DE BACCHUS DANS LE FROID ET FACE À LA CRISE
La communauté de communes Vaison-Ventoux organisait la semaine dernière, dans le cadre des Automnales, sa première soirée destinée spécialement à la promotion des vins.
Le théâtre antique a accueilli la semaine dernière une importante soirée des Automnales, consacrée à la promotion de la production viticole locale, organisée par la communauté de commune Vaison-Ventoux, qui avait fait de gros efforts pour la réussite de cette soirée. Malgré le froid glacial et le vent, public et producteurs de vin étaient au rendez-vous dans un théâtre antique coloré en rose.
Plusieurs producteurs ont profité de l’occasion, tandis que le public pouvait se restaurer aux food trucks et se réchauffer aux braseros.
C’était aussi l’occasion de rencontrer les responsables des caves et de faire le point sur leur situation face à la tempête économique qui secoue le milieu.
Trois caves entre résilience et Inquiétudes
La filière viticole de la vallée du Rhône traverse une période agitée. Si la qualité est souvent au rendez-vous, les prix et la conjoncture économique mettent sous pression les chefs d’entreprise. Un tour d’horizon des caves de Villedieu-Buisson, La Romaine et Puyméras révèle des stratégies de résistance et des défis communs, avec l’eau comme enjeu majeur de la prochaine décennie.
Cave de Villedieu : la tension des prix bas
La Cave de Villedieu, largement orientée vers la production de vins rouges, se porte bien en volume, mais les prix de vente sont source de vives préoccupations. Alors que le coût de la vie et des intrants a augmenté, les prix d’accords pour le vin en vrac sont, eux, en baisse.
« Tout a été vendu, mais à des cours plus bas. Les acomptes sont plus bas alors que tout a augmenté, c’est difficile pour les chefs d’entreprises, » déplore-t-on à Villedieu.
Cette situation pousse certains chefs d'entreprises viticoles à envisager d’autres activités. La crainte est de voir la culture du vin se perdre, d’autant que « pas mal » d’arrachage de vignes a déjà eu lieu dans le secteur.
Cave La Romaine : montée en qualité et dynamique commerciale
Pour le président Hubert Colin, la cave La Romaine (160 coopérateurs, 1000 hectares, 35 000 hl) est en situation « plutôt propre ». La stratégie a porté ses fruits : la cave a trouvé des marchés valorisateurs pour ses Côtes-du-Rhône. Spécialisée dans les appellations rouges, elle bénéficie d’une bonne dynamique commerciale et d’un faible niveau de stock.
Ses points forts sont la qualité des vins et ses bons marchés de négoce, avec une stratégie qui a évolué pour être plus qualitatif et en phase avec le marché.
Toutefois, certaines appellations (comme le Ventoux) et les rouges en général sont en difficulté. Malgré des prix encore insuffisants pour financer correctement les exploitations, l’espoir demeure : un retour à la normale est espéré d’ici deux ans. La progression du chiffre d’affaires et la remontée du prix de vente moyen sont des signes encourageants. Pour 2026, la cave cherche à développer le conditionné (bouteille), en visant 30 à 40 % de l’activité, contre 80 % de vrac actuellement.
Puyméras La Comtadine : l’espoir d’une récolte « 5 étoiles »
Bientôt centenaire, la Cave de Puyméras La Comtadine (200 coopérateurs) a réalisé une récolte 2025 « parfaite ». Selon Christophe Lazib, la pluie a sauvé les quantités et la qualité s’annonce « pas loin d’un 5 étoiles ». Un atout qui, il l’espère, permettra de voir les prix remonter dès cette année et la suivante.
L’avenir de la viticulture est déjà tracé, selon lui : moins d’exploitations, plus grandes et plus qualitatives. L’État accélère cette évolution par la pression des charges et la complexité administrative. Tandis que la « queue du baby-boom » arrive à la retraite, de moins en moins de jeunes sont attirés par la viticulture, et beaucoup de petites structures cessent leur activité.
Toutefois, une nouvelle dynamique émerge : de petits domaines de quate à cinq hectares se créent, cherchant à maximiser la valorisation de la bouteille pour dégager un salaire. Les caves coopératives devront travailler main dans la main avec ces petits domaines pour préserver leur volume global.
Pour la cave, au-delà des défis économiques et démographiques, un sujet s’impose comme critique pour les années à venir : l’eau. Face aux épisodes de canicule de plus en plus précoces et intenses (avec des pics à 40° dès le mois de mai), « aucune culture n’est viable sans humidité ». La question de l’irrigation est donc vitale.