CÉLÉBRER LE LEGS DE LÉONARD GIANADDA : UN FILM TÉMOIGNAGE DE VAISON-LA-ROMAINE

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CÉLÉBRER LE LEGS DE LÉONARD GIANADDA : UN FILM TÉMOIGNAGE DE VAISON-LA-ROMAINE

Vaison-la-Romaine
31 janvier 2024 - 16:47
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Après le mécène alsacien Maurice Burrus, Léonard Gianadda s’est avéré être un bienfaiteur exceptionnel pour la ville de Vaison-la-Romaine, jumelée depuis 1979 avec sa ville natale de Martigny en Suisse valaisanne. Ses liens avec Vaison-la-Romaine remontent à 1961. À cette époque, Gianadda rencontre le conservateur de l’époque, M. Dumoulin, et lui pose une question qui suscite sa curiosité : combien de visiteurs le musée de Vaison accueille-t-il chaque année ? À sa grande surprise, M. Dumoulin répond : « 100 000 ». Cet intérêt prononcé pour l’archéologie pousse Léonard Gianadda à réfléchir, à tel point que Vaison devient pour lui un exemple qui devrait inspirer la ville de Martigny.

Juste après le décès de Léonard Gianadda, la ville de Vaison-la-Romaine laisse entendre qu’elle prévoit de lui rendre hommage à la mesure de l’affection qu’il lui portait. Elle envisage déjà de baptiser un lieu symbolique de son nom. En juin prochain, une exposition retraçant sa vie est programmée à la médiathèque de la Ferme des arts. Philippe Turrel, son ami, biographe et galeriste à Vaison-la-Romaine, souhaite contribuer en réalisant un film impliquant une dizaine de personnalités de Vaison qui ont bien connu le mécène suisse. Le projet consiste à recueillir leurs témoignages à travers des anecdotes marquantes. Parmi les participants recherchés figurent Jean-François Périlhou, le maire, Pierre-François Heuclin, le directeur artistique de Vaison-Danses, l’archéologue Joël-Claude Meffre, Paule Artillan, la mercière passionnée de tango et d’histoire provençale. Le casting abordera différents thèmes tels que le patrimoine, la danse ou la gastronomie.

Inauguration des vitraux de la cathédrale de la Haute Ville.

Pour Vaison-la-Romaine, l’action concrète de Gianadda couvre la période 2009-2023. Il y a eu beaucoup de hauts et quelques bas. Parmi ceux-ci, l’affaire du Diadumène fut « un grand coup manqué ». En 2012, Gianadda organise une exposition à Martigny avec le British Museum où se trouve l’original du Diadumène dont Vaison-la-Romaine n’a aujourd’hui qu’une réplique. Il avait proposé que la statue passe par Vaison-la-Romaine. Cela coûtait 50 000 €. Léonard Gianadda proposait d’en financer la moitié et finalement cela ne s’est pas fait. Le Diadumène est parti directement à Arles dans le cadre de l’exposition Rodin… Le mécène en fut fort marri.

Mais cet épisode fut largement effacé par les relations très affectives que le désormais « citoyen d’honneur de la ville de Vaison » a toujours entretenues avec la cité voconce. Ce grand voyageur, mettant à profit ses qualités de reporter-photographe, a exposé régulièrement dans la Galerie des Origines devenue la galerie Nartex dans la Grand’rue. En 2012, la Fondation Pierre Gianadda offre une réplique de la tête de l’empereur Claude placée sur le cours Henri Fabre. L’original se trouve à Martigny. Sept ans plus tard, Léonard finance une copie du même empereur Claude – celui qui avait déclaré que « les Gaulois étaient semblables aux Romains par les mœurs, par les beaux-arts, et par les alliances de famille ». Elle est érigée sur le belvédère de la Villasse. La même année, en 2019, il commandite les 19 vitrages artistiques réalisés par le Père Kim En Joong pour la cathédrale de la cité médiévale. Il faut ajouter que, ami de Maurice Béjart et très intéressé par le Festival Vaison- Danses, il subventionne en 2021 et 2023 les spectacles de l’École-Atelier Rudra Béjart Lausanne et du Béjart Ballet Lausanne.

Léonard Gianadda et Philippe Turrel à la galerie des Origines.

Le dernier acte de mécénat de Léonard Gianadda pour Vaison est le financement d’une sculpture qui pourrait être installée devant les fouilles de Puymin et qui représente l’alliance entre la terre, les paysans et les archéologues dans le cadre des cent ans de l’appellation Vaison-la-Romaine. César Henao, artiste visuel d’origine colombienne influencé par le mouvement de l’Art optique, a conçu la statue en représentant le couple Hadrien et Sabine qui symbolise le démarrage des travaux archéologiques quand, en 1912, le chanoine Sautel trouve dans le théâtre antique leurs statues. L’œuvre de César Henao s’appelle « Aurea Duo » (le couple d’or). Faite de milliers de tubes métalliques à l’effigie d’Hadrien et de Sabine, elle mesurera plus de trois mètres de haut. Léonard Gianadda avant son décès en a financé toute la réalisation qui se fait actuellement en Pologne dans un atelier de fonderie spécialisé. Elle devrait être prête pour le 15 juin, date à laquelle son inauguration est prévue.

 

Victor Ducrest

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