UNE CONFÉRENCE MUSICALE PASSIONNANTE SUR LES MANIÈRES D’INTERPRÉTER UNE ŒUVRE
C’est à une conférence un peu spéciale à laquelle les auditeurs de l’Université pour tous ont été conviés mardi dans le cadre du cycle musical « Compositeurs et interprètes », pour écouter le jeune et talentueux altiste et artiste, Benjamin Beck.
Un peu spéciale parce que les conférences musicales prennent le plus souvent pour objet des compositeurs ou des œuvres que le conférencier essaie de faire découvrir et comprendre. Or, ce mardi, c’est du métier d’exécutant qu’il était question : c’est un interprète qui était invité à parler de l’interprétation, c’est-à-dire de la manière personnelle de jouer une œuvre, de réaliser les propositions d’un créateur. Sa conférence était titrée « le travail de l'interprète : du déchiffrage à l'exécution publique », une manière d’éclairer si l’on peut dire, l'envers du décor, les coulisses du processus.
Très proche de son public, le conférencier-musicien, diplômé avec distinction du conservatoire de Nouvelle-Angleterre et du conservatoire de Paris, également diplômé en musicologie de la Sorbonne et alto solo dans des orchestres de renom, a commencé par tracer l’évolution de l’écriture musicale depuis les « neumes » du Moyen Âge jusqu’aux graphes surprenants de certains compositeurs contemporains, pour montrer que la musique, aussi écrite soit-elle, laisse une grande marge de liberté d’interprétation à celui que l’on réduit parfois au rôle d’« exécutant ».
Une marge de liberté, mais aussi de réelles interrogations sur la manière de ne pas trahir les intentions de l’auteur-compositeur. Pour mettre en évidence cet aspect de la question, Benjamin Beck a pris l’exemple du concerto pour alto de Bela Bartok. De manière interactive, l’altiste proposait divers paramètres d’interprétation (vibrato, force de l’appui de l’archet, etc.) et le public choisissait celui qui lui paraissait le mieux convenir à l’esprit du compositeur. Une expérience ludique et captivante à laquelle les participants, qu’ils soient musiciens eux-mêmes ou simples profanes, ont contribué activement.
Prochaine conférence de l’Université pour tous, le mercredi 16 mars 2022 à 18 heures, à l’Espace culturel « Patrick-Fabre » avec Joseph Jacquin-Porretaz, conservateur du patrimoine scientifique, technique et naturel, directeur du Museum Requien à Avignon, sur la question « Les sciences, les techniques et la nature peuvent-elles être du patrimoine ? »
Hector Lamot