Sur l'histoire des histoires, elle a rappelé, à travers l'évolution des manuels scolaires d’Ernest  Lavisse (« nos ancêtres les Gaulois ») à Pierre Nora (« les lieux de mémoire ») combien la volonté de connaître le passé sert des objectifs différents : d'un côté écrire le roman national, de l’autre écrire une histoire qui veut penser la nation sans nationalisme.

Sur les patrimoines, la conférencière a insisté sur la multiplicité des patrimoines comme legs d'une génération à la suivante qui ne se borne pas à valoriser les bâtiments monumentaux, mais peut inscrire sur la liste de ce qui est digne d'être conservé la Tour Eiffel aussi bien que la rumba congolaise ou la soupe joumou de Haïti qui symbolise l'accès à l'indépendance du pays en 1804.

Sur les mémoires, sujet est particulièrement sensible, l’anthropologue a essayé de couvrir tous les cas de figure, qu'il s'agisse de respecter le « devoir de mémoire » (idées qui se concrétise avec la Shoah), de faire remonter les mémoires oubliées (l'esclavage, la colonisation, etc.), d'effacer la mémoire au bénéfice des dominés (cancelled culture et wokisme), de tenter de réconcilier les mémoires en conflit (Benjamin Stora et la guerre d'Algérie), et enfin de réparer la mémoire (le cinéaste cambodgien Rithy Panh reconstitue les scènes d'histoire disparues à l'époque des Khmers rouges en recréant des personnages en argile).

Elle conclut : « Que faire maintenant ? Peut-être aller voir "Twist à Bamako" de Robert Guédiguian qui assure : "ce n’est pas parce que je suis Blanc que ce n’est pas mon histoire" » !

Prochaine conférence de l’Université pour tous, le mardi 1er mars à 18 heures à l’Espace culturel, avec Gilbert Font, associé chez Trust Management Advisors , sur le « management par la confiance » dans l’entreprise.

H. L.