COUPS DE FEU RUE DU MAQUIS : UNE VICTIME RACONTE

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COUPS DE FEU RUE DU MAQUIS : UNE VICTIME RACONTE

Vaison-la-Romaine
22 décembre 2018 - 00:05
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Khalid El Yousfi, une des trois victimes des coups de feu tirés mercredi rue du Maquis, raconte comment il a vécu l’événement. Voici le récit qu’il nous a fait.

Ce jour-là, à 13 h 30, Khalid El Yousfi, 34 ans, qui se trouvait avenue Victor Hugo, a été appelée par son frère sur son mobile. Il lui demandait de venir très rapidement chez lui, rue du Maquis, « en courant, le plus vite possible ».

En arrivant, il voit l’ex-compagne de son « petit » frère, 27 ans, avec qui elle a eu un enfant, « elle est agressive, très menaçante, tambourine à la porte ». Le frère, en raison d’un conflit soumis à la justice des affaires familiales, a refusé d’ouvrir et a fait appel à la gendarmerie, raconte Khalid El Yousfi.

Il explique qu’elle s’est souvent montrée oralement violente, et qu’il a souvent dû intervenir pour apaiser des conflits « qui se sont réglés par des mots ». Il arrive dans un esprit de « médiateur social ».

L’ex-compagne interpelle l’arrivant qui essaie de la calmer, sans succès. Selon ses affirmations, elle aurait dit « ton frère je vais le tuer », ajoutant « je veux le gamin ». Khalid El Yousfi essaie de la calmer et propose d’aller chercher l’enfant pour le lui ramener.

DEUX COUPS DE FEU ET UN PREMIER BLESSÉ

Il raconte : « Elle s’avance vers moi, je ne sais pas ce qu’elle a dans les mains, si c’est son téléphone, elle veut m’en mettre une, clairement ». Il mentionne « on le voit sur les caméras de vidéosurveillance ». Il continue « je l’attrape par le bras gauche pour pas qu’elle me porte ce coup, et, je le dis clairement, je lui mets une gifle ». Il poursuit « son copain actuel, que je n’avais pas vu au départ, passe dans mon dos, je me retourne, je n’ai pas le temps de lui parler, il met la main à sa poche, il sort une arme et il me tire dessus ». À ce moment-là, le frère est dans l’appartement. Khalid El Yousfi entend un deuxième coup de feu alors qu’il est un peu confus. Tout ce qu’il sait c’est qu’il y a un impact sur un mur. Il est incapable de dire si le tireur l’a manqué volontairement ou pas lors du deuxième tir. Il est touché, il a mal, il s’éloigne vers l’avenue Victor Hugo.

UN DEUXIÈME BLESSÉ

Le frère descend et « va au corps à corps » avec le tireur, A…. Un troisième coup de feu part, il pense en l’air (ce qui pourrait correspondre à la balle récupérée dans une salle de bain à l’étage, chez des voisins. NDLR).

Les deux hommes roulent à terre, le frère essaie de désarmer le tireur. A… tire un nouveau coup de feu, à l’arrière de la tète du frère de notre interlocuteur, qui est frôlée, ce qui nécessitera cinq points de suture. Le frère tombe au sol.

L’ex-compagne du frère se jette sur le « petit frère », et le roue de coups quand il est au sol. Khalid El Yousfi retourne pour dégager son frère. Au moment où il y arrive à éloigner la dame, un nouveau coup de feu retentit. C’est le petit frère qui a reçu la balle. Il met la main au sol, il saigne, il ne peut plus se défendre. Khalid El Yousfi essaie de désarmer A…, sans y arriver, pendant que son frère « baigne dans une mare de sang ».

UN BLESSÉ QUI N'A RIEN À VOIR DANS L'AFFAIRE

Il va vers des jeunes qui sont à la terrasse d’un bar, et les appelle au secours. Ils s’approchent pour désarmer A…, un nouveau coup de feu part, et une des personnes qui venaient secourir le blessé est touchée au bras. Elle se réfugie dans un snack proche, d’ou le patron l’emmènera à l’hôpital de Vaison aprés avoir fait un pansement sommaire avec des serviettes. Elle sera évacuée vers l’hôpital Nord de Marseille pour y être opérée.

L’arme est finalement arrachée à A… Une des personnes qui étaient venues en aide s’en empare, A… prends la fuite avec sa voiture garée place Sabine.

LE COURAGE D'UNE PATRONNE DE BAR

Il pleut, les forces de l’ordre, les pompiers et le SAMU tardent à arriver. Khalid El Yousfi saura plus tard qu’ils ne peuvent pas intervenir tant que la scène n’est pas sécurisée. Il comprend cette situation : « Je suis français, je connais un peu les lois, il y a le marché de Noël, il y a eu Strasbourg, il y a une ambiance… Malheureusement, on peut y laisser des vies pour cinq minutes ». Il pense que l’hôpital étant tout prêt, on aurait pu y transporter son frère.

À ce moment-là, tous les commerces se sont fermés, plus personne n’est dans la rue, plus personne ne sort, il n’y a plus personne aux terrasses. La patronne du bar-tapas-restaurants ouvre spontanément sa porte et fait rentrer les blessés. Khalid El Yousfi insiste sur son courage et sa générosité, pour lesquels il la remercie vivement.

Il mentionne que le maire est arrivé le premier avec son adjointe, suivis de la police municipale.

Les blessés sont rentrés et allongés au sol, puis transportés vers les établissements hospitaliers par les services de secours.

Le « petit frère », blessé d’une balle dans le ventre, est transporté à l’hôpital d’Avignon, il sortira dans la nuit vers 22 heures. La balle qui a blessé Khalid El Yousfi est entrée et sortie au niveau de la hanche, sans faire de gros dégâts. Il est ressorti de l’hôpital après les examens, avec une ITT de huit jours. Après être sortie de l’hôpital, Khalid El Yousfi est allé témoigner à la gendarmerie de Vaison, des éléments ont été vérifiés sur les enregistrements de deux caméras de vidéosurveillance, « tout s’est bien passé ».

LE TIREUR VU "DEUX FOIS DANS SA VIE"

Il n’a vu que deux fois dans sa vie la personne qui lui tiré dessus. Il mentionne que la garde à vue de A… a été prolongée à 48 heures, qu’il a été présenté au parquet d’Avignon en vue de sa mise en examen.

 

Depuis ces évènements, il a du mal à trouver le sommeil, et a revu la scène « un million de fois ». « C’est traumatisant », dit ce père de famille de deux enfants, bien inséré dans vie locale. Scolarisé à l’école Ferry, puis Zola, il a été joueur à l’Olympique Vaisonnais, sous la présidence de René Peyre, et a été éducateur de ce club sportif pendant 10 ans. Il mentionne aussi qu’il a été président du club de basket, qu’il a travaillé à la Police municipale… Il est indigné que certains parlent de règlement de compte dans cette affaire, et s’étonne qu’on fasse état de coups de feu dans un bar, ce qui est sans rapport avec la réalité.

There are 13 Comments

J'espère juste que la Gazette Locale a assuré vraiment ses arrières... ses sources ... ou vraiment un bon avocat. S'agissant d'une affaire criminelle : ces propos sont sans filtre. Sans mesure. Et à charge.

Comme indiqué en début d'article, il s'agit de la version d'une victime, telle qu'elle l'a racontée. Ce n'est pas à nous de censurer ses propos.

Avez vous fait la même réflexion aux médias ayant composés leurs articles avec des infos erronnées? Pour n'en citer qu'un car la liste est longue Bf.... Comment remettre en cause le témoignage d'une victime qui moralement et physiquement va avoir du mal à se sortir de tout ça???

Monsieur de la Gazette local, soyez raisonnable. Vous n'êtes pas journaliste, tout le monde le sait à Vaison et votre article le montre une nouvelle fois. Vous jouez à lapprenti-sorcier et parfois ça explose à la figure. Tout ne peut pas s'écrire sur internet, le fait de le publier vous fait assumer une responsabilité que vous ne devriez pas prendre. Vous êtes ici chez vous, mais vous aurez été prévenu ! et re-prévenu, si faire le buzz est plus fort qu'être raisonnable, c'est vous qui choisissez et assumerez. Bien à vous,

Sommes nous toujours en France? La liberté d'expression est elle toujours d'actualité? La victime est dans son droit de temoigner!!! Enfin je crois à moins que nous soyons revenus à l'âge de pierrre??!!

Restons calme nous sommes en démocratie ... si vous aviez vue les blessures tant physiques que moral de cet être humain je pense que vous auriez eu tellement froid dans le dos que vous vous seriez abstenu de mettre certains commentaires limite indécents ... liberté d expression mais surtout justice maintenant !!!! Ce sont des faits très grave .... certains l oublie ...

Monsieur, un travail journalistique qui se veut un minimum sérieux implique à minima de vérifier ses sources et de faire un travail de recoupement afin d'éviter de publier des informations erronées et des contre vérités. Le témoignage de cette personne est forcément subjectif puisque c'est un ressenti personnel. Ce n'est en aucun cas de l'information objective et impartiale. Je me permets également de vous rappeler que les faits de mercredi sont des faits criminels et qu'à priori l'auteur présumé des coups de feu bénéficie jusqu'à une éventuelle condamnation de la présomption d'innocence, tel est le droit Français que cela vous plaise ou non. Comme le souligne le premier commentaire, vous livrez à la lecture des citoyens un témoignage orienté et sans filtre. Dommage quand on prétend être journaliste, mais pardon j'avais oublié ce "détail"", vous n'êtes pas journaliste...

Avez vous fait la même réflexion aux médias ayant composés leurs articles avec des infos erronnées? Pour n'en citer qu'un car la liste est longue Bf.... Comment remettre en cause le témoignage d'une victime qui moralement et physiquement va avoir du mal à se sortir de tout ça???

Comme indiqué en début de l’article, il reprend les dires d’une personne. La source était devant moi. Vous semblez affirmer que ses dires contiennent des « informations erronées et des contre-vérités ». Rien ne vous empêche, dans ces commentaires, de donner votre point de vue et d’expliquer quelles sont, selon vous, les informations erronées et les contre-vérités. Vous affirmez que les faits sont criminels. Nous n’en savons rien, ceci est couvert par le secret de l’instruction. Vous semblez mieux informé que nous sur ce point. Sur la présomption d’innocence, nous y sommes attachés, et nous n’avons publié que le récit d’une victime, présenté comme tel, qui nous avait contactés, sans présumer d’une quelconque culpabilité, au sens pénal ou moral, pour quiconque, et nous avons préservé l’anonymat des autres protagonistes. Enfin, je n’ai jamais prétendu être « journaliste ». Cette mention est protégée, elle implique, entre autres, que plus de la moitié des revenus de la personne qui s’en prévaut proviennent de son activité professionnelle d’information. Or, je suis retraité et bénévole. C’est donc impossible. Il est satisfaisant qu’un citoyen se penche sur la façon de travailler des médias, nombreux à avoir parlé de cet événement, qui a été cité par des organes de presse de toute la France, et leur signale les éventuelles inexactitudes publiées, éventuellement par de « vrais journalistes », ou réagisse aux publications de récits de témoins ou de victimes d’accident, d’attentat, de faits divers, de manifestations, publiés dans la presse, sur Internet ou à la télévision… Bon courage !
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