TONY LEPRINCE, L’ANGE IMMOBILE DU COURS HENRI FABRE

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TONY LEPRINCE, L’ANGE IMMOBILE DU COURS HENRI FABRE

Vaison-la-Romaine
18 août 2025 - 16:46
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Cet été, si vous traversez le Cours Henri Fabre un mardi de marché, entre 11 h et midi, il se peut qu’une apparition vous surprenne : un homme-statue, recouvert d’argile de la tête aux pieds, le visage buriné d’ange et deux ailes sculptées dans le dos. Figé dans le silence, il ne s’anime que lorsqu’on dépose une pièce à ses pieds. Alors, avec bienveillance, il tend un petit rouleau de papier, un message manuscrit porteur de bonheur. Son nom : Tony Leprince.

 

Comédien depuis huit ans, Tony a choisi à quarante ans de reprendre les bancs de l’école. Il réussit le concours du prestigieux Studio Pygmalion, à Paris, où il obtient son diplôme en vingt et un mois. Courts-métrages, petites séries, tournages locaux s’enchaînent. Mais c’est dans la rue, immobile et muet, qu’il trouve son véritable souffle : celui de la statue vivante.

L’art lui est apparu il y a vingt-cinq ans, en Australie, où il voyageait en sac à dos en exerçant le métier de clown. Une rencontre l’initie à cet étrange travail de patience et de corps figé. De retour en France, il apprend la couture pour confectionner ses propres costumes et se produit sur les marchés. À Nyons, il est remarqué par le metteur en scène grenoblois Jean-Vincent Brisa, qui l’invite aux Fêtes nocturnes de Grignan, où il interprète un Malade imaginaire revisité.

Depuis, les personnages se succèdent. Mais son ange Umabel reste, en 2025, l’une de ses figures phares : gardien secret, messager bienveillant, figé sous une fine couche d’argile. Chaque geste ralenti, chaque regard concentré deviennent échange d’énergie. Dans son rituel, il glisse aussi de courts mots manuscrits, soigneusement découpés et enroulés, qu’il offre aux passants : « Tu es un vrai rayon de soleil », « Ton regard illumine ma journée »… Simples, mais capables d’éclairer un instant de vie.

 

Car Tony Leprince ne se limite pas à la rue. À Vaison-la-Romaine, il travaille comme serveur au Moulin à huile et poursuit son chemin d’acteur dans la mini web-série La famille Leroy, dédiée aux commerçants et à l’âme du village de Gigondas. Après avoir incarné l’an dernier un ouvrier des années 1950, il donne en 2025 vie à un nouveau rôle, toujours nourri de ce même désir universel : transmettre émotion et amour, « car ils parlent toutes les langues ».

« Je souhaite à toutes les personnes d’être les plus heureuses possible », confie-t-il. Un vœu simple, sculpté chaque semaine dans l’immobilité, offert à qui prend le temps de s’arrêter.

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