L’ART CONTEMPORAIN EST-IL « COMPTANT-POUR-RIEN » ?

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L’ART CONTEMPORAIN EST-IL « COMPTANT-POUR-RIEN » ?

Vaison-la-Romaine
03 novembre 2024 - 21:47
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À l’occasion du « Grand salon d’art », un débat a eu lieu sur l’art contemporain.

Le Grand Salon d’Art de Vaison, c’est d’abord une exposition-vente qui a réuni ce week-end une quarantaine d’artistes et d’artisans d’art autour d’une idée : « proposer un autre regard sur l’art ». Mais c’est aussi une certaine idée de l’art actuel produit par des amateurs et des professionnels qui ont pour consigne de présenter des créations uniques à leur public. Et à ce sujet, Éric Oster, depuis plusieurs années, a eu l’idée de proposer à l’intérieur même de cette manifestation un moment de réflexion libre sur un sujet traditionnellement philosophique : l’art contemporain.

Dans l’après-midi, une table rectangulaire dans un coin de l’espace culturel près du bar, une dizaine de participants volontaires, visiteurs ou exposants, connaisseurs ou tout simplement curieux. Et un lieu de débat animé où la petite assemblée réunie pour l’occasion refait le monde de l’art.

Pour lancer la discussion, Éric Oster raconte sa rencontre avec l’art contemporain (qu’il n’hésite pas à appeler l’art « comptant-pour-rien ») à Londres. « Au Tate Museum, entre deux expositions photos d’artistes japonais, je découvris l’apothéose du grand art de notre temps : une chaise accrochée au mur, un tas de rochers fondus, des bouts de bois de taille différente plantés au sol et un mur d’écran éclairant une salle de lumière flash et coloré. La question m’est alors tombée dessus : en quoi cette fameuse chaise accrochée au mur par ses quatre pieds est-elle digne d’être exposée en tant qu’œuvre artistique avec tout le crédit qu’une ville comme Londres peut fournir ? »

À partir de là, les opinions se confrontent. Soutiens et critiques de Marcel Duchamp, de Jeff Koon, de Soulages ou de Niki de Saint Phalle, croisent le fer. Qu’est-ce que l’art ? Un objet de plaisir, ou un moyen d’expression qui n’appelle pas de jugement ? Est-ce que l’art, pour être apprécié à sa juste valeur, exige ou non une formation préalable ? Faut-il ou non séparer l’œuvre d’art de l’univers dans lequel elle s’échange et se monétise ? Faut-il ou non considérer l’objet artistique indépendamment de son créateur ?…

Éric Oster a le mot de la fin : « faisons attention à ce que l’on nous propose et surtout à ce que malheureusement l’on ne nous propose pas. Portons un autre regard sur l’art : il est temps d’ouvrir les yeux et de reconnaître l’art qui nous appartient et qui nous élève comme ces véritables œuvres d’art qui sont exposées aujourd’hui à Vaison-la-Romaine… »

Une petite bibliographie pour celles et ceux qui voudraient enrichir leurs réflexions sur le sujet :
- Arthur Danto, La transfiguration du banal, une philosophie de l’art, Éditions Points, 1989
- Nathalie Heinich, Le paradigme de l’art contemporain, structures d’une révolution artistique, Folio, 2022 (En passant de l’art moderne à l’art contemporain, on change toutes les règles : la façon de faire de l’art, de le voir, de le penser, mais aussi la façon de le présenter et in fine de le vendre.)
- Benjamin Olivennes, L’autre art contemporain, vrais artistes et fausses valeurs, Grasset, 2021 (Sommes-nous condamnés à subir encore longtemps l’escroquerie de l’art contemporain ?)

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