Avec Beauséjour, Mourad Merzouki signe une œuvre audacieuse et profondément émouvante, où la danse hip-hop dialogue avec le temps qui passe. Présentée à guichets fermés au théâtre antique de Vaison-la-Romaine, malgré la concurrence du Lac des cygnes par le ballet Preljocaj au théâtre antique d’Orange, cette création interroge le rapport au corps vieillissant, tout en célébrant sa beauté et sa poésie.

Quinze danseurs investissent la scène, dont huit grimés en personnes âgées : dos courbés, démarche hésitante, ventres proéminents. Loin de la caricature, ces corps « vieillis » deviennent vecteurs d’émotion, de grâce et d’humour. La confrontation entre jeunes et vieux se transforme en miroir, en dialogue, en fête partagée.

La bande-son, signée Müller & Makaroff (Gotan Project), mêle hip-hop, tango et rythmes latino-américains. L’ambiance guinguette, les airs électro-tango et les touches de slam (Fafapunk) enveloppent la danse d’une aura chaleureuse et festive4.

À 51 ans, Mourad Merzouki explore une nouvelle gestuelle, loin de la prouesse physique, mais toujours pleine d’énergie. Il explique au public, en introduction, s’interroger « sur la lecture de la danse » et souhaiter « partager la poétique des corps ». Il propose une vision renouvelée du beau, où la vieillesse devient un « séjour bienheureux ».

Le public, conquis, a offert une standing ovation à cette pièce qui transcende les âges et les styles.