CRESTET – UNE EXPOSITION PAS COMME LES AUTRES

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CRESTET – UNE EXPOSITION PAS COMME LES AUTRES

Crestet
07 août 2024 - 11:42
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L’ancien presbytère de Crestet expose le regard du photographe Marcus Bredt sur le village.

Après le sculpteur François Stahly, l’architecte Roger Anger, le metteur en scène Robert Carsen, Marcus Bredt, célèbre photographe d’architecture berlinois, vient compléter le Who’s Who des artistes de renom installés à Crestet à partir des années 60. À l’évidence, il était intéressant de voir ce que privilégie un photographe d’architecture allemand, spécialiste des études, des campus, de l’épure, quand il exprime ce qu’il ressent d’un petit village provençal que la tradition voit ensoleillé, « médiéval », avec un ciel bleu et des gens volubiles qui ont l’« assent ». C’est ce qui a poussé Florence Bertrand, la maire de la commune, à demander à l’artiste de concevoir une exposition « pour mettre en valeur le village à travers son œil d’expert ». L’« expert » a aimablement accepté l’invite, d’autant qu’on lui mettait à disposition l’ancien presbytère en plein cœur du village. Une première dans l’histoire de la paroisse !

De Paris à Berlin en passant par San Francisco, Rio, Bamako, Le Cap, Shanghaï, Téhéran ou Kiev, Marcus Bredt mène une existence mondialisée. En même temps il nous dit qu’il a trouvé à Crestet « un foyer où il fait bon vieillir dans le calme et la sérénité d’une communauté villageoise qui transcende les générations dans des maisons construites jadis et qui ont conservé ce charme qui offre à l’être humain une qualité de vie ».

 

Alors il nous parle de gens et de pierres à travers les méandres tortueux d’une ancienne bâtisse qui a abrité autrefois le curé Barjon, puis une agence postale avant de devenir un logement social. On déambule sur un parcours d’une quarantaine de photos de formats différents, toutes de qualité très professionnelle. Mates, sans verre protecteur, on a directement accès à l’œuvre au point qu’on a envie de toucher cette toile cirée sur une table pour en aplatir les plis. Quelques habitants ont posé de bonne grâce pour le preneur de vues. On reconnaîtra la maire elle-même, son premier adjoint ou Lucien, le maçon qui a beaucoup travaillé pour le village et la restauration de l’église, quelques agriculteurs de ce monde rural ou encore Jacques qui a présidé les « Amis du Crestet » pendant plusieurs années.

Le photographe d’architecture voit les lignes, redresse les perspectives, efface ce qui pourrait nous détourner du sujet et travaille parfois ses clichés à la manière d’un dessinateur. Ainsi son ciel est vide et sans nuages pour mieux percevoir les silhouettes des bâtiments ou des éléments naturels. Sans doute l’environnement lui importe-t-il plus que l’expression des visages et c’est le plus souvent à une certaine distance qu’il se met de son sujet. Il aime aussi l’inattendu quand il fixe sur sa pellicule (numérique) les couleurs sépia qu’a prises le village lorsque le sable venu du Sahara est venu teinter le paysage provençal ou qu’il retient de la façade de la seule maison crépie du village un cadrage qui la découpe en croix et laisse se déployer les lignes vagabondes des fils électriques et de la rare végétation qui la décorent. Laissons le mot de la fin à celui que l’institut Goethe a choisi comme l’un des dix meilleurs photographes d’architecture en Allemagne : « une bonne amie à moi m’a dit un soir : si tu pars à la recherche du bonheur, tu finiras par arriver au Crestet ».

Le vernissage a réuni beaucoup de monde, habitants et touristes, qui ont eu plaisir à se retrouver autour d’un sympathique buffet offert par la municipalité. Exposition ouverte tous les jours de 12 heures à 20 heures jusqu’au 6 septembre, au presbytère près de l’église. Entrée libre.

 

Victor Ducrest

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