LE VILLAGE REND HOMMAGE À VIOLETTE LEDUC

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LE VILLAGE REND HOMMAGE À VIOLETTE LEDUC

Faucon
04 juin 2022 - 10:27
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Les 28 et 29 mai 2022, 50 ans exactement après la disparition de Violette Leduc qui s’est éteinte à 17 h 15 le 28 mai 1972 dans sa maison de Faucon où elle avait trouvé refuge une dizaine d’années durant, de 1961 à 1972, le village rendait hommage à l’écrivaine, dans le cadre d’une manifestation introduite par Corinne Gonny, maire de Faucon.

Violette Leduc naît le 7 avril 1907 à Arras, Bâtarde comme elle ne cessera de le dire et de l’écrire, parce qu’issue d'une relation éphémère entre André Debaralle, fils d'une famille bourgeoise et de Berthe Leduc, leur domestique. Sa vie durant, elle restera marquée par une lignée maternelle de femmes seules et flouées par les hommes. 

Élevée par une mère terriblement dure, parfois cruelle et méprisante qui voit en elle l'incarnation de sa « faute » originelle elle trouvera l'affection auprès de sa grand-mère maternelle, qui la sensibilisera à la beauté de la nature. Sa disparition à ses neuf ans restera irréparable.

Sa vie, sa personnalité et son œuvre sont le reflet de cette souffrance, de cette mésestime d'elle-même, de ses amours impossibles, qu'elle dissèque à l'envi non sans une forme de masochisme, et qui la conduiront parfois au bord du gouffre. 

Simone de Beauvoir, la première à reconnaître son talent, entre autres grands auteurs, est à l'origine de la publication en 1946, de son premier livre, l'Asphyxie. Elle n'aura de cesse de la soutenir, par ses encouragements et le versement d'une pension sans laquelle Violette n'aurait pas été en mesure de survivre. Malgré la reconnaissance et l'estime de ses pairs, Jean Cocteau, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre, elle n'aura connu que galères et misère de nombreuses années durant. 

Apaisée, au milieu de la campagne provençale qu'elle observe et décrit magnifiquement dans ses derniers livres, Violette connaîtra le succès tardivement en 1964, grâce à une autobiographie romanesque préfacée par Simone de Beauvoir, La Bâtarde, qui lui vaudra de concourir au prix Goncourt. Les gains engrangés lui permettront d’acquérir enfin la maison de Faucon dont elle était locataire.

Les deux jours d’hommage ont été l’occasion d’approcher la personnalité d’une femme tout en contraste, torturée, parfois extravagante, clivante et attachante à la fois et de découvrir, sans préjugé, une autrice avant-gardiste qui a fait de sa vie la matière principale de son œuvre.

Notoirement connue dans le monde littéraire parisien où elle occupera une place singulière, ainsi qu’à l’étranger, elle vivra avec simplicité et discrétion ses relations avec les Fauconnais.

Au cours de ces deux journées et devant un public conquis, René de Ceccatty, écrivain, éditeur, auteur de Violette Leduc, Éloge de la bâtarde a livré une approche multi disciplinaire de Violette Leduc, écrivaine de grand talent, mais encore sociologue et philosophe, selon lui. C’est en sa qualité de coscénariste de « Violette » réalisé par son ami Martin Provost en 2013, qu’il a présenté puis commenté le film projeté le soir même au Florian, à Vaison-la-Romaine.

Puis ce fût au tour de Carlo Jansiti, son biographe attitré, auteur de Violette Leduc, Une Vie Une Œuvre, d’évoquer sa rencontre avec l'oeuvre et la vie de cette personnalité atypique.

Samedi, en début d’après-midi, les Fauconnais s’étaient déplacés en nombre dans la salle municipale du Fougau, pour assister à la projection du film documentaire sur Violette : Mémoires de Fauconnais, réalisé par Catherine Benzoni et Pierre Joly retraçant, à travers des témoignages émouvants, la vie et les relations amicales de Violette à Faucon.

Mireille Brioude présidente de l’association des amis.e.s de Violette Leduc qui a consacré de très nombreuses années de sa vie à étudier l’œuvre de cette dernière a clôturé cette première journée en animant les lectures de passages consacrés à Faucon dans l’œuvre de l’écrivaine.

Le lendemain, une plaque commémorative en hommage à Violette Leduc était dévoilée par la maire sur la tombe de Violette inhumée à Faucon conformément à son souhait.

Enfin, juste avant la projection du documentaire de Diane Aragou, dans la série « Invitation au voyage » d'Arte, tourné à Faucon en juin 2021, Violette Leduc, une bâtarde adoptée par Faucon, Bernard Mondon, directeur de publication de la revue Les carnets du Ventoux, se faisait le porte parole de son ami Jean Chalon, à travers la lecture truculente, d’un extrait de son dernier livre Dames de cœur, Dames d'ailleurs dont un chapitre est consacré à Violette. 

Les 18,19 et 20 juillet, cet hommage se poursuivra par la projection du film documentaire La chasse à l'amour plusieurs fois primé, réalisé par Esther Hoffenberg, en présence de la réalisatrice. Le public sera invité notamment à une déambulation guidée et commentée « sur les pas de Violette Leduc » assortie de lectures in situ, ainsi qu’à une nouvelle projection du documentaire « Mémoires de Fauconnais » déjà cité.

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