JOËL BOUFFIES PRÉSENTE SA LISTE

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JOËL BOUFFIES PRÉSENTE SA LISTE

Villedieu
09 mars 2020 - 14:43
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Vendredi soir, la liste « Ensemble pour Villedieu », menée par Joël Bouffies, tenait une réunion publique salle Pierre Bertrand.

Joël Bouffies a ouvert son propos en mentionnant : « ce qui nous unis c’est le bien vivre ensemble », ajoutant « nous ne sommes pas des spécialistes de la chose publique ». La liste est paritaire, sept hommes et sept femmes, dont quatre infirmières. « C’est le hasard », dit-il. Il veut garder la population du village », attirer de nouveaux habitants, et créer une boutique multiservices. Il affirme que les élus seront « vigilants » pour la zone sous le château, et « attentifs » sur le rachat de La Ramade. Ils veulent revitaliser le centre du village, paver les rues, améliorer le jardin de l’église, et organiser des visites. Les élus ont signé une charte de bonne conduite en neuf points.

LA LISTE

Joël Bouffies a 64 ans. Il est retraité, ancien directeur d’hôpital. Il a exercé ces fonctions à Orange, à Rambouillet, au centre hospitalier Sud Francilien (CHSF), et à l’hôpital Aix-en-Provence - Pertuis.

Ses centres d’intérêt, selon son profil Linkedin consulté le 7 mars 2020, sont le think tank Craps, Emmanuel Macron, Apple et l’IAE Aix Marseille.

Sa carrière a été notamment marquée par la construction du centre hospitalier Sud Francilien, qu’il a dirigé de juillet 2005 à janvier 2009 (1). Il a engagé en juillet 2006 l’établissement dans un partenariat public privé (PPP) pour cette construction (2), affirmant au conseil d’administration que si « cette opération pouvait apparaître onéreuse, le directeur a indiqué que le prix correspondait à la réalité du marché » (2). Il aussi signé les avenants N° 1 le 20 décembre 2006, N° 2 les 22 mars et 11 avril 2007, N° 3 le 30 mai 2007 et N° 4 les 25 novembre et 23 juin 2009 (3).

Le projet, d’un coût estimé de 334 M€, devait être financé par un loyer de 38.8 M€ par an pendant 30 ans, pour un coût total de 1.188 milliards d’euros (4). Le pilotage de l’opération a été difficile. (5).

Le CHSF a fait l’objet de deux contrôles de la chambre régionale des comptes d’Ile de France (CRC IDF) pour les exercices 2005 à 2008 et pour la construction. Interrogé en tant que directeur de l’établissement, Joël Bouffies n’a pas répondu aux observations préalables qui lui ont été présentées (6). Il n’a pas répondu non plus aux demandes d’interview des journalistes de l’émission « Pièces à conviction » de novembre 2012 (7) qui enquêtaient sur cette opération qui a défrayé la chronique. Ils souhaitaient l’interroger sur un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, retrouvé par l’hebdomadaire Marianne. Ils mentionnaient : « Le déséquilibre du contrat en faveur d’Héveil (Eiffage) trouve (son) origine dans l’absence d’équipe projet suffisamment structurée et expérimentée » et mentionnent : « À la tête de cette équipe en 2006, le directeur de l’hôpital, Joël Bouffies » qui, sollicité, « n’a pas souhaité s’exprimer » (7).

Le 22 juillet 2014, la CRC notait « l’établissement a mis fin, dès la signature du bail, à la mission des consultants recrutés en 2004. Une cellule composée seulement d’un chargé de mission pour l’aspect administratif du dossier et d’un ingénieur en chef, chargé d’assurer le suivi du chantier, a été laissée en place. Ces carences ont été soulignées par les médecins, au cours de l’année 2008, qui jugeaient anormal de laisser porter la responsabilité d’un tel dossier à une seule personne (le chargé de mission), compte tenu de l’importance et de la complexité du projet » et « Ce n’est qu’à compter de l’exercice 2009, et l’arrivée d’un nouveau directeur, que des assistants à maîtrise d’ouvrage ont été à nouveau recrutés » (8)

Dans le rapport de la Chambre régionale des comptes, il est question de « désorganisation financière » et de « l’impasse que connaît le dialogue de gestion » (9). Il est mentionné que « L’hôpital n’a fourni à la chambre aucun outil de gestion propre à réaliser une analyse médico-économique » et que la « constatation d’erreurs d’imputation massives liées à la faiblesse des systèmes d’information, ont mis un terme à l’élaboration des instruments de comptabilité analytique pour les exercices 2008 et 2009. » (10)

La Chambre régionale des comptes note que « Le dialogue de gestion semble actuellement dans une impasse » (11) et aussi que « La faiblesse des instruments de comptabilité analytique et les difficultés du dialogue de gestion constituent à ce titre un lourd handicap. » (12), et recommande de « Renouer le dialogue avec le corps médical » (13)

Le 13 janvier 2009, le Parisien rend compte du départ du directeur Joël Bouffies, avant l’ouverture de l’établissement. Il sera remplacé par Alain Verret. Le nouveau directeur n’acceptera de recevoir les clefs de l’établissement que dans les locaux de l’ARS et constate 8 000 malfaçons (14).

Selon le titre du quotidien « Le Parisien » du 1er septembre 2011, le nouveau directeur « jette l’éponge ». Il part à la retraite, écrivant au personnel : « Cette décision ne correspondait pas à mes projets ». « Arrivé en avril 2009, il était notamment en charge du basculement des sites de Courcouronnes et Corbeil vers le nouvel hôpital, construit à Corbeil, sur la base d'un partenariat public-privé » mentionne le quotidien dans son article. (15). Il écrit le 1er septembre 2011 au personnel : « Nous avons reçu de la part d'Eiffage les clés d'un très bel ouvrage, qui n'était pourtant qu'un bâtiment et non un établissement de santé. En l'état, je ne pouvais garantir son fonctionnement dans les conditions de sécurité attendues. » (16)

Selon Corbeil Info, « En apprenant la démission d’Alain Verret, Manuel Valls a dénoncé « un scandale d’État » : « Monsieur Verret est sacrifié sur l'autel des intérêts du groupe Eiffage » ». (17)

En décembre 2011, « Challenges », dans un des articles qu’il a consacrés à l’établissement, titre « La vérité sur... le ratage de l'hôpital sud-francilien » et écrit « l'opération, menée au pas de course, vire au cauchemar (18). Lorsque le 17 janvier 2011, le bâtiment est livré par Eiffage, le directeur de l'hôpital, Alain Verret, tombe de haut: il note plus de 8 000 malfaçons. Problèmes dans le circuit des fluides, chambres de psychiatrie non conformes, avaries dans le circuit d'eau chaude, mauvaise installation des bras articulés, défauts sur la balnéothérapie, absence de véritable biberonnerie en pédiatrie... " Toutes ne sont pas du même niveau, il y a des choses bénignes, mais aussi de vrais manquements, préoccupants pour la santé des patients ", souligne Catherine Fayet, déléguée syndicale SUD Santé. Suffisamment inquiétant pour alarmer les médecins. Au point de créer l'été dernier avec des usagers une association, Sauvons notre hôpital public. » Le magazine rappelle aussi que la chambre régionale des comptes avait déjà épinglé ce PPP: «  Une simulation pour un emprunt de 344 millions d'euros sur trente ans donne un coût final de 757 millions d'euros, au lieu des 1,2 milliard d'euros annoncés », et mentionne dans son article que Claude Évin, patron de l’ARS, affirme : « " J'ai demandé des explications, sans réponse à ce jour "». (19)

L’affaire, qui a fait les titres de la presse nationale, était remontée jusqu’à l’Assemblée Nationale avec, entre autres, des demandes d’enquête parlementaire sur « le scandale du nouveau centre hospitalier sud-francilien », des questions écrites des députés…

Après plusieurs contentieux, le contrat de PPP a été finalement résilié à compter du 1er octobre 2014 par acte du 11 avril de la même année. L’hôpital a versé à la filiale d’Eiffage une indemnité de 171 millions d’euros.

 

Joël Bouffies a ultérieurement été affecté au Centre hospitalier d’Aix en Provence. L’établissement a ensuite fusionné avec celui de Pertuis.

 

Carole Araqué-Bertrand, 43 ans, chargée de gestion PME
Ghislaine Boustie, 63 ans, infirmière
Philippe Capocci, 47 ans, chauffeur routier
Claude Cellier, 78 ans, retraité, élu sortant
Laurence de Moustier, 58 ans, chargée de communication
Jonathan Fauque, 36 ans, viticulteur
Bérengère Favier, 43 ans, infirmière
Rosy Giraudel, 59 ans, secrétaire, élue sortante
Agnès Harzig-Brunet, 71 ans, retraitée
Jean-Laurent Macabet, 43 ans, chargé de clientèle, élu sortant
Anna Martinez, 62 ans, retraitée
Étienne Renet, 6à ans, chef d’entreprise, adjoint sortant
Olivier Sac-Delhomme, 58 ans, informaticien, adjoint sortant
Thierry Tardieu, 55 ans, vigneron.


Références

(1) Le Parisien 31/1/2009 http://www.leparisien.fr/essonne-91/chilly-mazarin-91380/le-directeur-de... - (2) CRC IDF 22/7/2014  (bail) p 13, 14, 16 – (3)  CRC IDF 22/7/2014  (bail) p 22 – (4) CRC IDF 7/7/2010 CFS p 19 – (5) CRC IDF 22/7/2014 p 19 – (6) CRC IDF 7/7/2010 CFS p 3 – (7)  https://www.youtube.com/watch?v=Gjuw-BUmMjc  11e minute et suivantes - (8) CRC IDF 22/7/2014 p 19 - (9) et (10) CRC IDF 7/7/2010 CF p 20 – (11) CRC IDF 7/7/2010 CF p 21 – (12)  CRC IDF 7/7/2010 p 2 – (13) CRC IDF 7/7/2010 p 36 – (14) Nouvel Obs 16/11/2016 PPP : le fiasco financier de l'hôpital sud-francilien  « https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-sante/20111013.RUE4946/ppp-le-fias... - (15) le Parisien 1/9/2011 http://www.leparisien.fr/essonne-91/le-directeur-de-l-hopital-jette-l-ep... - (16) Challenges 8/12/2011 https://www.challenges.fr/magazine/la-verite-sur-le-ratage-de-l-hopital-...) - (17) Corbeil info – 1/9/2011 http://www.corbeil-infos.fr/hopital-sud-francilien-demission-du-directeu...) - (18) Challenges 12/2011  https://www.challenges.fr/magazine/la-verite-sur-le-ratage-de-l-hopital-... - (19) Challenges 24/1/2012 https://www.challenges.fr/economie/la-verite-sur-le-flambant-neuf-hopita... - (20) Assemblée Nationale

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Décidément chaque article à une charge ou cible bien précis(e) surtout à l'approche des élections 2020. A son corps défendant je salue le personnage qui à permis l'existence de l’hôpital d'Orange auprès duquel j'ai pris un immense plaisir à travaillé (en toute intégrité). Bonne continuation & bonnes élections à vous toutes & tous Cordialement

Merci à la Gazette de nous avoir informé sur cet aspect du candidat, soigneusement caché.

en tant que Maire de villedieu pour qq jours encore je suis choqué et meme scandalisé par votre article Mr le journaliste vous allez meme jusqu a supprimer les commentaires qui vous desservent mais ou va on ? les reseaux sociaux seraient la que pour attiser la haine ? Ne pouvez vous pas faire autre chose de votre plume ? Joel est un homme qui a eu des responsabilites importantes de part ses fonctions il a cotoyé les hauts responsables de ce pays . C est facile d aller sur internet et de faire des amalgames sans savoir la realité des choses . Nous sommes fiers et heureux que Joel est bien voulu accepter de mettre ses competences et son experience au service de notre commune et du territoire . cela gene peut etre certains ! qu ils se rassurent Joel aurait pu vivre une retraite tranquille comme certains qui parlent beaucoup mais laissent les autres aller au charbon ! il a accepte de servir encore l interet general avec toutes les valeurs de partage qui l anime . c est trop facile de salir de façon gratuite les élus et nous en avons marre de ce comportement irresponsable !!! la loi sur la protection des elus s applique aussi aux journalistes Mr le journaliste , ma 1 adjionte et moi meme avons demandé de vous rencontrer et de retirer votre article mais la silence radio personne au bout du fil et de l ordi ! alors ou est le courage !!!! bien cordialement p arnaud

La vérité c'est qu'un projet de construction administratif (PPP) est soumis à un appel d'offre via une commission regroupant plusieurs membres, par la suite une délibération pour octroyer le marché est soumise au vote Le problème connu c'est la compétence de l'entreprise retenue sujet à caution sur la livraison de l'établissement conformément au CCTP (cahiers des clauses techniques particulières) À travers l'article il n'est pas mention de l'organisation d'un appel d'offre ainsi que les textes afférents pour l'octroi d'un tel marché Prendre un Directeur d'établissement comme cible principale et comme unique responsable est une déformation journalistique Pour mémoire, la commune de Villedieu est enclavée comme (tant) d'autres au niveau santé, en cas d'urgences vitales seul le plus proche centre hospitalier et celui d'Orange (Valréas et Vaison-la-Romaine ne possèdent pas (plus) de bloc opératoire). C'est bien grâce à Monsieur Bouffies que l'hôpital d'Orange a ouvert c'est portes en novembre 1992 assurant à ce jour une couverture du nord Vaucluse. Caché ? Effectivement beaucoup de vérités sont cachées et surtout déformées à travers l'article...hélas

Merci à la Gazette d'informer sur des faits, et de donner aux personnes mises en causes le droit de réponse . Il faut, au delà du souhait d'un homme qui souhaite se parer du titre de Maire (même si la tâche est difficile), poser le problème de la santé et de la couverture en établissements hospitaliers. Cela doit être le fait du service public !
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