LES SANTONNIERS, GARDIENS DE TRADITIONS PROVENÇALES
Les Santonnales de Vaison-la-Romaine célèbrent l’art ancestral des santonniers et des créchistes, gardiens d’une tradition de Noël qui mêle mémoire populaire et créativité contemporaine. Entre crèches géantes où s’animent métiers disparus et personnages hauts en couleur, et accessoires façonnés avec patience et savoir-faire, ces artisans passionnés perpétuent un patrimoine vivant qui fait vibrer l’esprit de la Nativité provençale. Rencontre avec deux créchistes qui ont exposé à Vaison-la-Romaine.
La crèche géante de Maria Fanals
À chaque Santonnale, il est devenu traditionnel de demander à un créchiste de proposer dans la salle de l’Espace culturel une composition géante. Maria Fanals, membre du comité des fêtes de Vaison-la-Romaine, a proposé cette année ses services.
Maria est à la retraite, après avoir travaillé à la protection de l’enfance. D’origine espagnole, elle est arrivée en France d’Espagne à 9 ans. Elle a au moins deux passions : les santons, et la cuisine.
L’idée de collectionner les santons lui est venue lorsqu’elle avait 18 ans après avoir observé et admiré un berger qui travaillait le buis. Elle en a peut-être 300 aujourd’hui de toutes les tailles
Elle fabrique les maisons en polystyrène extrudé, les montagnes de son paysage en plâtre. Et elle place ses santons. Dans cette crèche de 12 m² figurent tous les personnages traditionnels avec les métiers anciens – vitriers, santonniers, rémouleurs, crieurs de journaux… – ou les personnages de caractère comme Lou ravi ou le couple Grasset et Grassette.
Mais il faut aussi des nouveautés. Pour Maria cette année, la nouveauté c’était la présence du professeur Raoult avec sa pipette qui contient le satané virus ! Un peu caché sans doute à cause des contestations dont il a été l’objet au moment du Covid. Maria dit qu’elle a un peu hésité avant de le placer, mais en même temps c’est un clin d’œil amusé…
Noël Pardini, créchiste-accessoiriste
Noël Pardini est créchiste-accessoiriste depuis une dizaine d’années. Il réside à Vedène, et a exposé aux Santonales. Fonctionnaire de préfecture, et passionné de crèche, il s’est plus spécialisé dans la fabrication d’accessoires que dans la création de personnages.
« Je suis créchiste-accessoiriste et je fais les bâtiments. Je suis très inspiré par les créchistes italiens et espagnols. Je pars de structures en plâtre moulé. Ma singularité, c’est l’utilisation de produits naturels pour les teintes. Je rehausse par des lavis beiges ou autres. C’est quelque chose qui ne s’apprend pas dans les livres ; et, par exemple, le grand créchiste Gérald Roux de Carpentras m’a beaucoup appris. Je travaille par thème. La première année, j’avais travaillé sur le thème de l’eau, puis sur l’olive. Ça demande énormément de documentation. C’est un long travail de recherche, mais c’est ma passion et on fait ça sur le temps libre. Je suis historien de formation. La période qui m’intéresse, c’est entre 1850 et 1914. »