« UNE VIRÉE À NAPLES » AVEC DE JEUNES ET TALENTUEUX BAROQUEUX
Appréciés à Malaucène, les quatre jeunes musiciens invités par les Sérénades en Baronnies se sont aussi produits le lendemain à Buis-les-Baronnies.
La musique baroque se fait actuellement la part belle dans la programmation musicale de la région : Markus Hünninger à Rasteau avec, depuis vingt ans, les Moments musicaux de Cacharel, Olivier Garde avec son association France baroque qu’il a basée à Vaison-la-Romaine et ses concerts-spectacles originaux. Ces derniers jours, c’est Jean François Hordé avec ses Sérénades en Baronnies qui a fait connaître en partenariat avec l’association Culture pour tous de Malaucène, un quatuor singulier de jeunes musiciens issus du Conservatoire national supérieur de Lyon. Après un concert donné à Malaucène, ils se sont produits dimanche dernier à la salle des fêtes Lapalun de Buis-les-Baronnies pour le plaisir d’une centaine de mélomanes venus les écouter.
Singuliers, ils l’étaient à plus d’un titre. D’abord par leur formation et leur couleur musicale, plus grave. On s’attend généralement à ce que, dans ce type d’ensemble, un ou deux violons donnent le ton ; ici, ce sont deux violoncelles qui se placent au premier plan (Camille Sors et Thibault Krizman), une guitare baroque ou un archiluth (Martin Billé) et un clavecin (François Guyot) assurant le plus souvent l’accompagnement.
D’un point de vue instrumental, le clavecin est trop connu pour en dire plus. Du côté du violoncelle, on croit connaître l’instrument. Et pourtant Camille nous apprend que le violoncelle baroque aux cordes en boyau que l’on tient entre les jambes ne doit pas être confondu avec le violoncelle moderne, muni d’une pique et de cordes métalliques plus tendues, ni avec la viole de gambe qu’on tient aussi entre les jambes, mais qui dispose de plus de cordes. Quant à l’archiluth, il se situe entre le luth et le théorbe avec ses 24 cordes dont certaines résonnent en sympathie avec les autres. « Heureusement une fois l’instrument accordé, il tient l’accord » nous confie l’archiluthiste. Enfin la guitare qui est l’instrument le plus joué dans le monde. Martin Billé nous rappelle qu’elle fut aussi bien l’instrument de la musique populaire que de la musique écrite, qu’elle fut jouée dans la rue aussi bien qu’à la Cour et que le roi Louis XIV en personne prenait des cours pour apprendre à en jouer !
Singuliers, ils l’étaient aussi par le programme choisi dans lequel étaient inscrites des œuvres de compositeurs italiens représentant un demi-siècle de musique baroque, de 1700 à 1750. Scarlatti père et fils, vous connaissez sans doute. Francesco Alborea qui remplace la viole de gambe par le violoncelle, vous connaissez peut-être un peu moins. Les sonates, les concertos, vous connaissez aussi. La passacaille, nous en connaissons le nom, mais Martin Billé a bien fait de nous en rappeler l’étymologie : « une musique qu’on entend dans la rue » avec une forme très simple : quatre accords qui constituent un standard pour les musiciens de l’époque à partir duquel ils improvisent. Au fond, des jazzmen avant la lettre !
En bis, le quatuor nous a régalés d’une tarentelle endiablée de Giulio de Ruvo. En bref une soirée musicale très vivante et parfois surprenante dans une salle des fêtes qui a des airs de grand auditorium.
Pour le prochain concert des Sérénades en Baronnies, il faudra attendre le dimanche 12 janvier 2025 avec l’excellente pianiste Fanny Azzuro, familière de la région, qui viendra interpréter dans la salle Lapalun ses compositeurs de prédilection : Chopin, Rachmaninov et Scriabine.