Le 9 mars 2023, la Commission européenne a autorisé 9 millions d’euros d’aides directes aux lavandiculteurs, pour financer l’arrachage des plants. Ils devront déposer leur dossier de demande d’aide avant le 31 juillet 2023. Par ailleurs, un financement d’un million d’euros, non soumis à autorisation européenne, est promis pour étudier les moyens de lutter contre les parasites de la plante aromatique.

Cette aide a été obtenue notamment au Sénat. Le 4 octobre 2022, il examinait « la prise en compte des territoires, des savoir-faire et des cultures dans l’élaboration de réglementations européennes d’harmonisation ». Après l’exposé introductif de Jean-François Rapin, président de la commission des affaires européennes, Laurence Boone, secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée de l’Europe, lançait le débat en rappelant les règles européennes.

Le premier intervenant a été Lucien Stanzione, sénateur du Vaucluse, qui lançait d’emblée « mes chers collègues, la filière lavande et lavandin constitue un sujet particulièrement propice pour alimenter la discussion et fournir des exemples variés de difficultés avec les réglementations européennes », rappelant l’interdiction de certains produits sanitaires non remplaçables et la surproduction, dans un contexte ou le règlement européen sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions de substances chimiques, dit « Reach » inquiétait les producteurs d’huile essentielle de lavande.

La commission européenne a finalement autorisé l’utilisation des fonds votés dans le de la loi de finances rectificative

L’argent dépensé pour l’arrachage permettra de lutter contre la surproduction.

La crise est arrivée après « une très belle période pendant une douzaine d’années », explique Alain Aubanel. « La demande étant supérieure à l’offre, les prix se sont mis à augmenter. En 2019, le kilo de lavandin se vendait 35 €, ce qui a attiré des agriculteurs de toute la France. Beaucoup d’agriculteurs qui cultivaient des betteraves, des maïs ou des tournesols pour en faire des semences ont décidé de se tourner vers le lavandin », mentionne Laurent Depieds, président du Comité des plantes à parfum aromatiques et médicinales. La surface cultivée a augmenté de 40 % en trois ans. Le lavandin a été planté en Beauce ! 200 000 euros de l’État ont financé une distillerie d’un million d’euros à Orgères-en-Beauce. Elle a été inaugurée juin 2022.

Évidemment les prix se sont effondrés. En août 2022, le prix au kilo était de 12 à 15 euros, et le prix de production autour de 20 €, selon Alain Aubanel, tandis que les producteurs bulgares cassaient les prix pour écouler leurs productions, deux à trois fois moins cher que les Français.

Neuf millions d’euros vont donc être consacrés à payer les agriculteurs pour arracher leurs plants. Il faut espérer qu’ils seront consacrés à arracher ceux des derniers arrivés dans la filière, et pas ceux des hauts plateaux du Vaucluse ou de la Drôme, handicapés par de petites parcelles en zone montagneuse et non irrigable, et où il est difficile de faire autre chose. Si c’est bien le cas, les derniers arrivés, qui ont fait de bonnes affaires pendant quelques années, seront financés pour se reconvertir. Double bénéfice. Selon le sénateur des Alpes de haute Provence, partie prenante des actions parlementaires, il faudrait passer de 33 000 hectares à 28 000 hectares pour redresser la situation.

Photo François Philipp Licence Creative Commons Attribution 2.0 Générique https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr