Dimanche dernier, à la cathédrale Notre-Dame de Nazareth, les Amis de la musique ont accueilli un duo prestigieux et singulier. François Salque, violoncelliste dont Pierre Boulez vantait « la sensibilité et la noblesse de son jeu alliées à un charisme et une virtuosité exceptionnelle », et Emmanuel Rossfelder, prodigieux guitariste, élève du grand Alexandre Lagoya, ont présenté un concert d’une rare qualité : des pièces appartenant au répertoire de la guitare classique notamment chez les compositeurs espagnols comme Granados, De Falla ou Tarrega, mais aussi des arrangements spéciaux pour les deux instruments, qu'il s'agisse d’œuvres du guitariste hongrois Johann Kaspar Mertz, de Franz Schubert avec sa Sonate pour arpeggione (qui est à l’origine une grande guitare à dix cordes qui se joue avec un archet), ou encore de Niccolo Paganini, le « violoniste du diable », avec ses célèbres « variations sur une seule corde », sur un thème extrait de « Moïse » de Rossini. On raconte que Paganini sur scène, pour faire valoir sa virtuosité, au fur et à mesure qu’il jouait, coupait ostensiblement ses cordes avec une bague tranchante jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une pour jouer cette pièce qui était d’une difficulté redoutable !

Ce fut un franc succès, si l'on en juge par l'intensité des applaudissements qui ont ponctué chaque morceau. Il faut dire que François Salque et Emmanuel Rossfelder ont plus d'une corde en commun : d'abord leur extrême virtuosité, ensuite leur capacité à faire entendre toute la palette sonore et rythmique de leurs instruments, et puis leur contact chaleureux avec l'auditoire, sachant avec humour et convivialité situer les œuvres dans leur contexte.

Pour la suite, Cordelia Palm, super soliste de l'Orchestre national Avignon Provence et présidente de l'association, nous promet une belle découverte pour le prochain concert des « Amis de la musique » qui se donnera à la chapelle Saint Quenin dimanche 22 mai à 18 heures, avec un duo classique, lui aussi virtuose et surprenant : Félicien Brut, accordéoniste, et Julien Martineau, mandoliniste.

Hector Lamot